Sujet :

Doit-on juger les fous ?

Li Khe Liang
   Posté le 27-08-2007 à 17:54:17   

C'est la dernière idée de Sarko pour faire avancer la civilisation?
C'est une manifestation de plus de l'évolution de la socièté vers la négation de ce qui dérange et de la confusion mentale qui se généralise.
Autrefois, un tsar de Russie a fait juger (et exécuter) un rat. On en est pas là, mais depuis peu en Suisse, les animaux peuvent disposer d'un avocat.
Si on met de la Raison là où il n'y en a pas, il devient difficile d'admettre qu'on puisse la perdre. Quand la perversion est considérée comme une maladie, pas étonnant que la maladie devienne condamnable. Que de confusion!
Tao
   Posté le 27-08-2007 à 18:06:10   

c'est toujours le problème quand on ne prend pas le problème par le bon bout, simplement pour une question de "sémantique", souvent jugée trop intello.
Hélas, on finit par confondre les choses, comme tu le dis d'ailleurs si bien, et la confusion se répand.
Les aliénés mentaux ne sont pas condamnable au sens strict du terme. Néanmoins, il est du devoir du gouvernant de préserver l'ensemble de la population.
Quand enfin on se décidera à créer des structures dimensionnées de façon adéquate, nous aurons résolu une grande partie des problèmes "psychologiques" de l'humanité.
l_Ange
   Posté le 27-08-2007 à 20:30:03   

Pas facile de répondre à cette question. Il ne faut jamais oublier que les gouvernants ont le devoir de protéger la population.


Edité le 27-08-2007 à 20:27:12 par l_Ange


Skerath
   Posté le 01-09-2007 à 14:03:04   

Entre le devoir des gouvernants et leur propres desseins il y a une grande différence. La question pour ma part n'est pas de choisir un camp.
Mais de comprendre, le mouvement "Sarkozy" au niveau du droit.
Je crains, que son idée ait pour but d'orienter la conscience du peuple vers un esprit de vengeance envers les "fous". Et de récupérer la gloire du sentiment de Justice.
Mais dans un autre sens il a demander a Rachida Dati de travailler sur la "suppression" de la delation anonyme. Notemment dans le droit des affaires.
Ce que je vois: Excitation de l'esprit vengeur envers les fous et autres proies faciles, "delinquant , multi récidiviste ... (pauvres)".
Protection des Riches délinquants, dans le meme temps
Orientations des yeux du peuples vers les fous et les pauvres.
l'histoire de ne fait que commencer.
A rester dans l'ombre, l'on remarque beaucoup de choses sans se faire remarquer.
++
Ske
Dalaha
   Posté le 04-09-2007 à 12:13:49   




Je penses aussi qu'effectivement être alliénée peut être perçut dans differentes formes d'état d'être. .. Et la maladie n' en est pas forcement la cause...

-Peut être n'y a t-il pas assez d'études des cas, pour vraiment pouvoir mettre en place, les structures qui conviennent....


Tao
   Posté le 04-09-2007 à 12:27:49   

Le problème de la folie, c'est justement de la définir.
Quand peut-on considérer avoir franchi le pas, et que cette action est irréversible?
Lorsque l'on est pauvre, on est fou.
Lorsque l'on est riche, on est original...
l_Ange
   Posté le 04-09-2007 à 15:20:37   

Parler des fous au sens large est trop peu précis. Il faudrait plutôt faire référence à certaines pathologies ou il y a des risques pour la population.
Li Khe Liang
   Posté le 05-09-2007 à 20:30:02   

Certes les formes de maladie mentale sont multiples. Globalement elles concernent 10% de la population française. Il est prouvé que la proportion de criminels n'y est pas plus élevée que dans le reste de la population. Pourtant 30% des personnes incarcérées présentent des troubles mentaux.
CHERCHEZ L'ERREUR...
Tao
   Posté le 05-09-2007 à 20:39:54   

A partir de quel moment un trouble mental doit entrainer l'incarcération?
l_Ange
   Posté le 06-09-2007 à 01:33:10   

Tao a écrit :

A partir de quel moment un trouble mental doit entrainer l'incarcération?



Lorsque ce trouble devient un danger pour la population.
Vicky
   Posté le 06-09-2007 à 06:58:47   

lorsque ce trouble mental devient un danger pour lui-meme aussi
Tao
   Posté le 06-09-2007 à 07:10:14   

Mais à partir de quand détermine t-on qu'il y a danger pour lui-même ou les autres? Quand l'acte est commis?
Si c'est avant, comment être sur qu'il le sera?
Quel risque peut-on prendre?
Dans quelles conditions?
l_Ange
   Posté le 06-09-2007 à 16:17:27   

Tao a écrit :

Mais à partir de quand détermine t-on qu'il y a danger pour lui-même ou les autres? Quand l'acte est commis?
Si c'est avant, comment être sur qu'il le sera?
Quel risque peut-on prendre?
Dans quelles conditions?


Avant. Source de référence: Les statistiques sur les dangers que représente chaque maladie.


Edité le 06-09-2007 à 16:18:31 par l_Ange


Tao
   Posté le 06-09-2007 à 16:49:05   

Cela veut dire que l'on enferme les gens potentiellement dangereux?
l_Ange
   Posté le 06-09-2007 à 21:40:27   

Absolument.
Tao
   Posté le 06-09-2007 à 22:44:56   

Il va falloir construire des lieux d'accueil en grande quantité.
l_Ange
   Posté le 07-09-2007 à 16:00:11   

Possible mais, il faut protéger la société. Il y a trop de gens dangereux en liberté.
l_Ange
   Posté le 07-09-2007 à 16:44:04   

Il faut je crois, repenser tout le système judiciaire et ainsi libérer des espaces.
Arrêtons d’incarcérer des gens pour des fautes qui ne mettent pas la population en danger et privilégier l’incarcération des gens qui ont commis des crimes contre la personne.
Tao
   Posté le 07-09-2007 à 19:15:52   

Il existe il est vrai de nos jours de nombreux moyens de mettre les gens sous surveillance.
L'incarcération devrait être réservée aux grands criminels, les autres étant châtiés "autrement".
Castration physique par exemple pour les violeurs.
Mais il faut avoir le courage d'appliquer une telle politique.
Li Khe Liang
   Posté le 07-09-2007 à 19:38:39   

On voit bien les dégâts faits par une mauvaise médiatisation:
on mélange crimes, incarcération, fous, danger pour la société, etc.
Alors tranquillement on retourne aux lois du nazisme (et de Vichy), on élimine?
Depuis 500 ans on considérait qu'un homme qui aperdu la raison ne pouvait être responsable de ses actes. Considérer tous les fous comme des criminels en puissance relève du même raisonnement que par exemple tous les chômeurs sont des paresseux, tous les hommes politiques des pourris, tous les arabes des terroristes potentiels, les fonctionnaires des nantis, etc. Il s'agit d'entretenir peurs et haines. Quand une socièté cherche des boucs émissaires, la Bête n'est pas loin.
Un fou est d'abord un humain qui souffre, à part ça quoi de neuf docteur?
Tao
   Posté le 07-09-2007 à 19:45:33   

Nous sommes presque d'accord. A la nuance que je ne reconnais pas le droit à un humain qui souffre d'en faire souffrir d'autres.
Autrement dit, si je trouve très discutable de juger sur la dangerosité potentiel, il n'en est pas de même de la dangerosité avérée.
Li Khe Liang
   Posté le 07-09-2007 à 20:45:36   

As-tu parlé déjà à beaucoup de fous?
Va leur parler de leurs droits et devoirs!

Par ailleurs la délinquance n'est pas une maladie mentale, c'est la conséquence d'une perversion de l'esprit. Les violeurs (qui sont ici ciblés) sont le plus souvent des pervers qui ont toutes leurs facultés de jugement.

La psychiatrie est un sujet difficille. Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur son contexte historique et social, je conseille la lecture de :
"UN MONDE DE FOUS" de Patrick Coupechoux (ed. du Seuil)
Vous y verrez comment notre socété maltraite ses malades mentaux.

Et pour se détendre écouter les chansons de Kamini qui s'y connait sur le sujet.
Tao
   Posté le 07-09-2007 à 20:57:38   

J'ai parlé à beaucoup de malades mentaux, et en côtoie encore. Je parle bien sur de tout ceux qui ne sont pas enfermés, et qui sont parfois à la tête d'entreprise, voire d'états ou du moins d'organisation extrêmement influente.
J'ai parlé à quelques malades mentaux internés alors qu'ils ne faisaient de mal à personne, mais dérangeaient par des comportements "atypiques".
Je maintiens que la société doit se protéger, comme un individu se protège par instinct de conservation.
l_Ange
   Posté le 07-09-2007 à 23:23:12   

Tao a écrit :

Il existe il est vrai de nos jours de nombreux moyens de mettre les gens sous surveillance.
L'incarcération devrait être réservée aux grands criminels, les autres étant châtiés "autrement".
Castration physique par exemple pour les violeurs.
Mais il faut avoir le courage d'appliquer une telle politique.


Oui. La prison pour des crimes économiques à titre d'exemple est ridicule.
l_Ange
   Posté le 07-09-2007 à 23:24:45   

Li Khe Liang a écrit :

On voit bien les dégâts faits par une mauvaise médiatisation:
on mélange crimes, incarcération, fous, danger pour la société, etc.
Alors tranquillement on retourne aux lois du nazisme (et de Vichy), on élimine?
Depuis 500 ans on considérait qu'un homme qui aperdu la raison ne pouvait être responsable de ses actes. Considérer tous les fous comme des criminels en puissance relève du même raisonnement que par exemple tous les chômeurs sont des paresseux, tous les hommes politiques des pourris, tous les arabes des terroristes potentiels, les fonctionnaires des nantis, etc. Il s'agit d'entretenir peurs et haines. Quand une socièté cherche des boucs émissaires, la Bête n'est pas loin.
Un fou est d'abord un humain qui souffre, à part ça quoi de neuf docteur?


Tu as raison mais il faut aussi savoir le protéger ainsi que les citoyens.
Laurent
   Posté le 19-09-2007 à 18:55:33   

On doit soigner les fous.

Les fous il y en a plus qu'on crois.

S'imoler, tenter de se suicider ou faire un meurtre, n'est-ce pas de la folie?

ceux qui sont en prison nous devrions tenter de les soigners plutôt que de les enfermers et les laisser pourrir.

Excusez moi pour cette avis.
Tao
   Posté le 19-09-2007 à 20:20:22   

Mais ton avis est parfaitement légitime, et tu n'as certainement pas à t'en excuser Laurent.
L'être humain est ainsi fait qu'il craint ce qu'il ne connait pas, et par définition on ne connait jamais la folie de l'autre... Tout juste certains d'entre nous sont conscients de la leur.
Mais il est des folies "douces", et d'autres qui sont collectivement dangereuses.
Laurent
   Posté le 19-09-2007 à 21:24:26   

Tao a écrit :

Mais ton avis est parfaitement légitime, et tu n'as certainement pas à t'en excuser Laurent.
L'être humain est ainsi fait qu'il craint ce qu'il ne connait pas, et par définition on ne connait jamais la folie de l'autre... Tout juste certains d'entre nous sont conscients de la leur.
Mais il est des folies "douces", et d'autres qui sont collectivement dangereuses.


Dans ma jeunesse j'ai cambrioler, j'ai manipuler, j'ai bruler des voiture , j'ai frapper mon père!

J'ai jamais été méchant et j'en suis convaincu.

De la folie et de l'alcoolisme, mais boire jusqu'à se tuer chaque jour n'est-ce pas déjà une forme de folie?

Je me ait constament insulter dans les lieux alcoolique car je prone souvent et regulierement que l'alcoolisme est une maladie psychiatrique comme les autres, d'ailleurs un alcoologue et un psychiatre de l'alcool en belgique et dans pleins d'autres pays.

Mais je continue a dire j'ai fait toutes ses choses mais c'est de la folie oui, je suis fou, je les était bien plus qu'au jours d'aujourd'hui, personne ne ma jamais rien proposer pour me soigner ni m'aider, il y a fallut que j'aille chercher l'aide tout seul , que je replisse une tonne de démarche car on ma refuser plus d'un an dans les cmp par exemple, en psyciatrie on ma aussi refuser etc etc etc...

Si j'avais été un tout petit peu plus fou, aurai-je était en mesure de faire toutes ses démarches contraignantes qui dur des années pour recevoir de l'aide (alcoologue, cmp, groupe de parole , relaxation, etc etc sont des choses que j'ai mise en place sans conter meditation bouddhiste, apprentissages des philosophie oriental, bref la majeur parti je les fait chez moi seul)!

Bref, dans notre société, tout n'est pas rose, je sais pas si nous sommes tous fou, mais nous sommes ni malin, ni intelligent et surtout très peu humain a part des personnes d'exception comme feu l'Abbé Pierre.
Tao
   Posté le 20-09-2007 à 05:57:04   

Peut-être que la nature de l'être humain est... de ne pas être très humain...
Wawa
   Posté le 21-09-2007 à 01:02:16   

L'homme est issu de l'univers.
L'univers lui-même a ses chaos.
Alors...
Li Khe Liang
   Posté le 18-01-2008 à 22:39:49   

Une étape de plus dans le recul de la Civilisation:

On va maintenir en détention des délinquants à l'issue de leur peine de prison en l'absence de tout acte délictueux nouveau. Et cela ne concernera pas uniquement des cas pathologique (genre pédophile récidiviste) mais toutes le peines supérieures à 15 ans.

Une commission va décider qui est "potentiellement" dangereux!!!
La France "Pays des droits de l'Homme"
Tao
   Posté le 19-01-2008 à 08:29:57   

Les droits de l'homme sont basés sur des principes fondamentaux qui sont actuellement remis en cause.
Le choix de société fait varier de façon plus ou moins importante ces fondamentaux.
Je ne m'étonne pas de ce déplacement sécuritaire. La méthode "d'insertion" à ses limites, et hélas nous avons presque tous les jours des exemples de récidives graves.
Que faire? Je pense qu'il s'agit d'une vraie question, car elle implique un vrai choix de société.
Le naturel est ce qu'il est, et l'homme est imparfait. Il y aura toujours des pervers (pervers par rapport à quoi, sinon à des principes fondamentaux dictés souvent par la survie, mais aussi par la religion).
Le choix est la réponse qu'on apporte à ses dérives:

1- la mort?
2- l'enfermement à vie?
3- la détention surveillée?
4- la castration physique en ce qui concerne les délits sexuels. (qui peuvent ne pas en être selon la culture, le pays...)

Ecarter de la société des individus potentiellement dangereux, c'est à dire pouvant attenter à l'intégrité physique ou morale de la majorité me parait être un geste de sauvegarde (de peur) justifiable.
Li Khe Liang
   Posté le 19-01-2008 à 12:59:12   

Une justice équitable ne peut juger que des actes et non de supposées intentions.
De plus cette position revient à nier la possibilité qu'a tout homme de changer son comportement.
C'est avec de tels raisonnements que les goulags ont été remplis de gens "potentielement" dangereux pour la socièté ainsi que les camps nazis.
A quand le rétablissement de la peine de mort?
Tao
   Posté le 19-01-2008 à 13:49:33   

Oulà!!
Ce que je dis:
Le comportement "normal" se situe mettons sur une échelle de 50 à 100.

Au deçà, il s'agit d'une forme d'autisme, au delà il s'agit de perversité.

Pour une culture, le curseur se situe entre 50 et 100, pour une autre il va se situer entre 20 et 70, pour une troisième entre 90 et 140.
Ce qui sera hors la loi dan la première sera la normalité de la seconde, et de l'autisme dans la troisième.

Maintenant, une chose est invariable: quelle que soit la catégorie à laquelle souscrit un individu "X", si j'éteins ma clop sur sa main, cela provoquera la douleur, et causera un préjudice.

Je suis au delà des limites. Je suis donc dangereux.

Si ce comportement est pour moi la normalité, alors je suis potentiellement dangereux, et la société est fondée légitimement à se protéger de mes actes.

Ces franchissements de limites peuvent avoir plusieurs causes: perversité, déréglage, éducation provocant la souffrance.
Combien de temps va t-il me falloir pour réintégrer le peloton de la normalité?
Avec quelles aides?
Combien de récidives me faudra t-il pour y parvenir?
Combien de vies vais-je détruire?
Est-ce un prix raisonnable?
Li Khe Liang
   Posté le 21-01-2008 à 19:14:20   

Je ne partage pas ce point de vue, les Droits de l’Homme ont un caractère universel et ne sont donc pas soumis à des « normes » locales ni aux contraintes sociales du moment.
Le parti communiste chinois estime qu’il fait respecter ses droits de l’homme et à ce titre emplit ses goulags de dissidents mêlés aux droits communs.
C’est automatique, dès que l’on « juge » le non-respect d’une norme établie en dehors de faits avérés, on glisse vers le totalitarisme : normes de santé mentale ou physique, classement des citoyens selon leurs convictions, race etc. Une vraie justice implique l’égalité de tous devant la loi, et tant que l’on ne lit pas directement dans les cerveaux, il faut se contenter de faits pour édicter les règles de la société. Il y a déjà très longtemps, l’église catholique a tranché : l’intention ne fait pas le pécheur.
Pour rassurer les inquiets, il faut se rappeler que 80% des crimes de sang sont commis par des proches de la victime, et ce bon an, mal an. Pour ceux qui vivent dans la peur, le premier conseil à leur donner est qu’ils soient prudents dans leurs fréquentations.
Tao
   Posté le 21-01-2008 à 19:33:59   

Les droits de l'Homme... et de la femme?
Quelle que soit la culture?
Vraiment?
Li Khe Liang
   Posté le 21-01-2008 à 22:59:19   

Il existe un discours actuel où tout se vaut: modes de vie, traditions, cultures, civilisations. Faudrait voir à trier les patates, c'est mon avis. Respecter une culture différente n'implique pas de l'adopter.
L'esclavage, le travail des enfants, etc ne font pas mon Tao.
Il est parfois des lumières qui obscurcissent le monde.
J'ai trouvé dans Tchouang Tseu des propos que n'aurait pas renié Socrate.
L'Humanisme se veut universel, et il a bien raison.
Varanne
   Posté le 07-02-2008 à 16:38:02   

La question de l’intention est au cœur de la loi pénale française. Le principe pénal français est que l’infraction n’est punissable que si elle a été commise avec l’intention de la commettre, une minorité d’infractions s’en dispensent. Par principe donc, les magistrats des juridictions répressives doivent systématiquement rechercher si le prévenu avait ladite intention pour pouvoir juger de son innocence ou de sa culpabilité. Cette quête est très souvent délicate puisque, ontologiquement, l’intention est immatérielle. Regardons à quel point le Tao lui-même rend cette recherche difficile (voir Section Dao – Chapitre XXXVIII). En conséquence, la notion de justice équitable est indifférente à la question de l’analyse pénale de l’intention. Il s’agit bien de deux notions indépendantes, qui ne doivent pas être confondues.
Il reste la question d’ordre politique (au sens le plus noble du terme) : doit-on prendre des mesures conservatoires et préventives face à un individu dangereux ? Et ne mélangeons pas cette question avec celle de sa capacité à se réinsérer, à se réadapter, à se soigner ou à s’apaiser. Vous connaissez la réponse des élus de la Nation.
Au plaisir de vous lire.
Tao
   Posté le 07-02-2008 à 19:32:48   

Varanne a écrit :


La question de l’intention est au cœur de la loi pénale française. Le principe pénal français est que l’infraction n’est punissable que si elle a été commise avec l’intention de la commettre, une minorité d’infractions s’en dispensent. Par principe donc, les magistrats des juridictions répressives doivent systématiquement rechercher si le prévenu avait ladite intention pour pouvoir juger de son innocence ou de sa culpabilité. Cette quête est très souvent délicate puisque, ontologiquement, l’intention est immatérielle. Regardons à quel point le Tao lui-même rend cette recherche difficile (voir Section Dao – Chapitre XXXVIII). En conséquence, la notion de justice équitable est indifférente à la question de l’analyse pénale de l’intention. Il s’agit bien de deux notions indépendantes, qui ne doivent pas être confondues.
Il reste la question d’ordre politique (au sens le plus noble du terme) : doit-on prendre des mesures conservatoires et préventives face à un individu dangereux ? Et ne mélangeons pas cette question avec celle de sa capacité à se réinsérer, à se réadapter, à se soigner ou à s’apaiser. Vous connaissez la réponse des élus de la Nation.
Au plaisir de vous lire.


Tout d'abord, Bienvenue Varanne, et merci de t'être inscrit sur notre site.

Je me permets de mettre le chapitre du Tao auquel tu fais référence à très juste titre:

taoteking.free.fr a écrit :

-38-

Les hommes d'une vertu supérieure ignorent leur vertu ; c'est pourquoi ils ont de la vertu.
Les hommes d'une vertu inférieure n'oublient pas leur vertu ; c'est pourquoi ils n'ont pas de vertu.
Les hommes d'une vertu supérieure la pratiquent sans y songer.
Les hommes d'une vertu inférieure la pratiquent avec intention.
Les hommes d'une humanité supérieure la pratiquent sans y songer.
Les hommes d'une équité supérieure la pratiquent avec intention.
Les hommes d'une urbanité supérieure la pratiquent et personne n'y répond ; alors ils emploient la violence pour qu'on les paye de retour.
C'est pourquoi l'on a de la vertu après avoir perdu le Tao ; de l'humanité après avoir perdu la vertu ; de l'équité après avoir perdu l'humanité ; de l'urbanité après avoir perdu l'équité.
L'urbanité n'est que l'écorce de la droiture et de la sincérité ; c'est la source du désordre.
Le faux savoir n'est que la fleur du Tao et le principe de l'ignorance.
C'est pourquoi un grand homme s'attache au solide et laisse le superficiel.
Il estime le fruit et laisse la fleur.
C'est pourquoi il rejette l'une et adopte l'autre.


Source: http://taoteking.free.fr/interieur.php3?chapitre=38

Ce que je lis:
La codification de la vertu lui ôte son essence même.
Juger est périlleux. Juger d'une intention à posteriori est hasardeux.
Seul l'acte est factuel et peut être codifié, référencé.
Partant de là, déterminer l'intention qui, selon toi et je te crois volontiers, est au cœur de la loi française, la détermination de l'intention donc rend caduc toute équité.
La loi française ne serait donc pas équitable, ce qui n'est pas pour moi une révélation fondamentale.
Mais au delà de cela, la "loi des hommes" est assujettie à l'interprétation plus ou moins culturelle et partisane de ceux qui la rendent.

Un individu ayant démontré par des faits sa dangerosité ne doit pas s'étonner de voir se dresser entre lui et sa liberté les forteresses de la collectivité.
La nuance ne se situe pas, à mon avis, entre la dangerosité d'un individu et sa capacité à se réintégrer, mais entre la démonstration de sa dangerosité et celle, plus délicate ô combien, de sa potentialité.


Edité le 07-02-2008 à 19:33:38 par Tao


Varanne
   Posté le 08-02-2008 à 14:05:17   

Je découvre ce blog et n’en suis pas encore familier. Je ne comprends pas qui a répondu à mon premier message. Mais j’ai toutefois plaisir à lire cette réponse, laquelle appelle quelques observations de ma part.

Juger est-il de l’équilibrisme ?

Vous écrivez à très juste titre : « Juger est périlleux. Juger d'une intention à posteriori est hasardeux ». C’est à ce péril et ce hasard que sont confrontés les magistrats. C’est le cœur de leur métier. C’est à cela que leur implorent de succomber des milliers de victimes et de justiciables.

Sur la démonstration de la dangerosité ou de sa potentialité.

La philosophie du droit français est fondée sur notre culture judéo-chrétienne. C’est ainsi que le principe juif selon lequel les actes forment le cœur de l’homme trouve à s’appliquer. Avec une certaine sagesse la pratique judiciaire a transcrit dans les textes les modalités nécessaires à l’établissement de la preuve des actes, conformes tant à notre culture qu’à la tradition républicaine. C’est ici que la mise en œuvre de ces principes appelle le respect des conditions du procès équitable que nous évoquions dans nos précédents messages.
La preuve de la dangerosité doit être rapportée en application des dites règles que je viens d’évoquer. Elle n’appelle pas de critique particulière, sauf à discuter de l’ensemble du dispositif juridique et judiciaire français. Ici n’en serait pas le lieu le plus adapté. La question de la preuve de la potentialité de la dangerosité est la véritable nouveauté. Dans leur sagesse les élus de la nation ont tranché dans les conditions que vous savez. La charge probatoire de cette potentialité de dangerosité repose sur des expertises et la sagesse réputée d’une décision collégiale. La Torah et la bible, sources de notre culture ne mentionnent-elle pas à ce propos (Proverbes 24 :3) : « le salut [du Sage] est dans le grand nombre des conseillers ». La sagesse évoquée à la section 19 du Tao relève d’une dimension éminemment supérieure. Peut-on prendre le risque social et sociétal de « renoncer à l’humanité et quitter la justice » comme nous y invite ce texte ? Ne perdons pas de vue que la question vise des individus posant de graves difficultés. Il reste à l’étalonner sur nos valeurs et fondamentaux que nous partageons sur ce blog. Lao-tseu apprend aux hommes à conserver leur esprit, à conserver l'âme sensitive, à faire en sorte que ces deux principes ne se séparent pas. Ne perdons pas de vue que notre réflexion porte précisément sur des êtres ayant totalement dissocié ces deux principes. Le rôle du parlement est d’édicter les normes sociales (et sociétales) permettant d’assurer aux citoyens une vie sereine. Il n’est pas incompréhensible qu’il put voter comme il l’a fait à l’égard d’individus. Il est dans son rôle.

Au plaisir de vous lire en retour !
Tao
   Posté le 08-02-2008 à 19:11:02   

Loin de moi l'idée de discuter du dispositif.
Mais je ne peux m'empêcher de regretter que le droit soit basé sur des livres écrits par des "justes", plutôt que sur le bon sens.
Notre civilisation est-elle prête à se passer de repères religieux? Je ne sais pas. Mais j'espère qu'un jour elle n'aura plus peur de le vouloir.
Renoncer à l'humanité et quitter la justice? J'ai du mal à comprendre l'association des deux notions. La justice trouve son essence dans l'injustice.
L'humanité dans l'inhumanité?
Non, je ne pense pas que ce soit automatique.

- 19 -

Si vous renoncez à la sagesse et quittez la prudence, le peuple sera cent fois plus heureux.
Si vous renoncez à l'humanité et quittez la justice, le peuple reviendra à la piété filiale et à l'affection paternelle.
Si vous renoncez à l'habileté et quittez le lucre, les voleurs et les brigands disparaîtront.
Renoncez à ces trois choses et persuadez-vous que l'apparence ne suffit pas.

L'abandon de l'humanité et de la justice est une des trois conditions. On ne peut les dissocier dans la réflexion.
Pourquoi la justice française s'attache t-elle autant aux procédures? Elles deviennent prépondérantes, même par rapport aux faits.
Peut-on se satisfaire de voir les procéduriers triompher par le temps, faisant en sorte que les victimes ne meurent de leur belle mort avant d'avoir entendu un verdict?
Peut-on faire confiance à des procédures qui font que l'agresseur sort du commissariat quand la victime attend toujours, et parfois des heures pour porter plainte?
Le sage tel qu'il est dépeint par Lao Tseu ne sera pas en proie à ces doutes et incertitudes.
Pourquoi?

- 30 -

Celui qui aide le maître des hommes par le Tao ne (doit pas) subjuguer l'empire par les armes.
Qui qu'on fasse aux hommes, ils rendent la pareille.
Partout où séjournent les troupes, on voit naître les épines et les ronces.
À la suite des grandes guerres, il y a nécessairement des années de disette.
L'homme vertueux frappe un coup décisif et s'arrête.
Il n'ose subjuguer l'empire par la force des armes.
Il frappe un coup décisif et ne se vante point.
Il frappe un coup décisif et ne se glorifie point.
Il frappe un coup décisif et ne s'enorgueillit point.
Il frappe un coup décisif et ne combat que par nécessité.
Il frappe un coup décisif et ne veut point paraître fort.
Quand les êtres sont arrivés à la plénitude de leur force, ils vieillissent.
Cela s'appelle ne pas imiter le Tao. Celui qui n'imite pas le Tao ne tarde pas à périr.
Li Khe Liang
   Posté le 11-03-2008 à 12:36:01   

Bien sûr la socièté se protège, il y a l"internement d'office", où l'on prodigue des soins. En prison on ne soigne pas.
On n'interne d'office que quand la dangerosité s'est manifestée.
On ne condamne des criminels que sur des faits.
Ce qui est grave dans l'approche actuelle, c'est que le concept de "dangerosité potentielle" ouvre une voie vers une privation de liberté à la "gueule du client" qui peut être étendue à d'autres critères que ceux retenus aujourd'hui, en particulier politiques comme le "terroriste potentiel" (USA), l'activiste potentiel" (Russie) etc.

Une brèche dans un principe de droit, on sait où ça nous a déjà mené (cf. les détentions administratives de Vichy).
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Varanne
   Posté le 12-03-2008 à 16:49:12   

Vous avez tout à la fois raison et tout à la fois tort. « On ne condamne des criminels que sur des faits ». C’est vrai. Mais comment les faits sont-ils appréhendés, par qui et à quel moment ? Lorsque le criminel n’est plus du tout le même homme au jour de l’audience que l’homme qui a commis l’irréparable, quel homme jugez-vous ? Par ailleurs, tout juge, tout juré, ne fut jamais indifférent à la « dangerosité » de l’individu qu’il jugeait. Les commentaires journalistiques des sorties d’audience s’en font les échos.
Oui, bien sûr, vous avez raison de soutenir qu’il est dangereux « d’ouvrir une brèche dans un principe de droit ». Mais, tous les jours, devant toutes les juridictions, le bon droit est hélas malmené, bafoué. Les causes ne sont pas forcément la partialité ou l’idiotie mais aussi toutes les carences du système judiciaire qui surcharge, surmène, épuise, sous-équipe les juges. Mais il y a aussi le fait que le droit est tout sauf une science exacte. Au surplus ceux qui la pratiquent à quel que titre que ce soit n’ont pas la sagesse de celui dont vous empruntez le nom.
Alors, cette nouvelle loi ne saurait être qualifiée de bonne ou de mauvaise. Elle est ce qu’elle est. Le Conseil constitutionnel l’a validée; elle est donc entrée dans le droit positif. Dont acte. C’est ce que les hommes en feront qui pourra poser question.
Cordialement,
Varanne

Li Khe Liang a écrit :

Bien sûr la socièté se protège, il y a l"internement d'office", où l'on prodigue des soins. En prison on ne soigne pas.
On n'interne d'office que quand la dangerosité s'est manifestée.
On ne condamne des criminels que sur des faits.
Ce qui est grave dans l'approche actuelle, c'est que le concept de "dangerosité potentielle" ouvre une voie vers une privation de liberté à la "gueule du client" qui peut être étendue à d'autres critères que ceux retenus aujourd'hui, en particulier politiques comme le "terroriste potentiel" (USA), l'activiste potentiel" (Russie) etc.

Une brèche dans un principe de droit, on sait où ça nous a déjà mené (cf. les détentions administratives de Vichy).
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Li Khe Liang
   Posté le 12-03-2008 à 19:05:05   

Le constat que vous faîtes: "...toutes les carences du système judiciaire qui surcharge, surmène, épuise, sous-équipe les juges..." ne fait que renforcer mon opinion d'autant que le système psychiatrique est tout à fait dans le même état.
On pourrait aussi discuter du niveau (relatif) de dangerosité, par exemple un alcoolique au volant est-il plus ou moins dangereux pour la vie d'autrui qu'un braqueur?
Ces patrons qui exposent leurs salariés à des risques physiques important (parfois mortels) ne sont-ils pas potentiellemnt dangereux?
ETC.
A qui profite la culture de la peur?(voir précédents historiques).