Sujet :

L'oiseau éternel

Tao
   Posté le 03-04-2005 à 22:05:26   

L'oiseau plane gracieusement au dessus de nos têtes. Il profite d'une légère brise, fraîche, parfois froide. Le ciel est d'un bleu foncé, presque gris, bientôt noir.

Les montagnes se découpent à l'horizon, là ou le soleil rougeoie tant les arbres que les animaux fuient comme d'un feu de forêt.

Mais lui continue son vol majestueux, ne piquant que de temps en temps, sans jamais rater la cible qui lui est dévolue.

Puis il remonte, sans marquer le moindre temps d'arrêt, sans le moindre cri. Juste un souffle léger car il change le monde à chaque battement d'aile.

Les êtres se tendent tous vers lui, rat, mouches, pâquerettes séquoia, montagnes et océans, baleines et bactéries.

Il semble n'en voir aucun, mais les possédera tous. Il n'est pas pressé, il sait ou trouver ce qu'il cherche.

Il sait aussi la fascination qu'il exerce, que ses proies sont toutes consentantes, par choix, résignation, mais surtout parce que tout comme lui, elles possèdent la nature éphémère.

Il vit plus vieux, simplement.

Il ne lui arrive jamais de penser. Il est en accord complet avec le grand Tao, toujours effectuant le geste juste à l'instant adéquat.

Même attendu, il surprend par ce geste unique et parfait, définitif.

Il ne se pose jamais, mange et boit dans un continuum absolu. Il ne juge personne, ne fait aucune différence, le rat et la baleine ont pour lui le même reflet.

Il n'a pas de sexe, il n'a pas de dualité. Il ne se reproduit pas, bien qu'étant mortel. Les grands pères de nos grands pères le connaissent, les dinosaures l'ont vu de près.

A sa naissance, l'Everest l'a aperçu, et plusieurs milliers d'années plus tard, il le voit toujours à la même distance.

Cet oiseau est magique diront les rêveurs, il est redoutable diront les importants. Il n'est rien de tout cela; son vol fait tourner le monde. Il est comme le pivot d'un mobile, il est l'axe de l'univers.

Quand il fond sur un troupeau, ses coups de bec en changent la direction, non seulement par la peur qu'il provoque, mais par le manque qu'il crée.

Lorsqu'il se posera, il n'existera plus que lui. Il cessera à son tour.

Ce magnifique, ce gigantesque tueur engendre la vie. Son nom: la mort.
Wawa
   Posté le 03-04-2005 à 23:59:05   

Cher Tao, tu as conduit notre esprit en un lieu sublime
qui incite à faire le silence dans l'émerveillement.
Merci.
Vicky
   Posté le 04-04-2005 à 05:18:52   

Bravo Tao c'est super ce que tu as écris merci :-)
l_Ange
   Posté le 04-04-2005 à 22:43:54   

à lire et à relire...